Ce membre très spécial de l’Ordre fut auparavant l’homme le plus pieux que l’on pu imaginer, doué qui plus est, d’un grand potentiel intellectuel. Il se nommait alors Sébastien de Grandcour.
Un jour, alors qu’il était en profonde méditation, enfermé dans sa chambre, on entendit des hurlements épouvantables émanant de cette pièce.
Le temps de défoncer la lourde porte de chêne au moyen d’un banc, in gisait sur le sol de sa chambre, inanimé.
On le crut mort, mais son pouls battait encore, au ralenti.
Il séjourna ainsi un mois à l’infirmerie, sans que son état ne change.
L’on supposa qu’il était sous la protection du Seigneur, on le laissa en paix.
C’est alors, qu’après 666 jours d’inconscience, il ouvrit les yeux.
Le chevalier qui le assista à la scène s’enfuit, horrifié.
Un autre membre de l’Ordre l’arrêta avant qu’il ne se jette par la fenêtre, complètement déboussolé.
Lorsqu’il se fut remis de ces émotions, il nous raconta que Sébastien de Grandcour s’était réveillé, les yeux rouges vifs, l’air très énervé.
Perplexes, les membres allèrent au chevet du chevalier.
A leur profonde stupéfaction, il était en train de revêtir son armure.
On tenta de le raisonner, rien n’en fit, il quitta le château, puis disparu.
Bisol de Saint-Omer, très lié avec cet homme, parti à sa recherche.
Ce fut de Grandcour qui le trouva…
Caché dans un bas fossé, il bondit dans le dos de son commandant avec la volonté de le faire trépasser.
Grâce à ses grandes capacités de réactions, Bisol parvint à coincer le renégat sur le sol, un genou sur la gorge.
La bouche couverte de bave, le Lynx ricanait et gémissait en même temps.
La suite, nul sinon Bisol et Sébastien de Grandcour ne la connaisse, mais il est certain que le commandant des Lynx parvint à « l’apprivoiser ».
Les autres membres le considérèrent rapidement comme un fou dangereux, mais Bisol lui donna sa chance.
Il du cependant se nommer Belzébuth le possédé. Bien qu’anodin, un tel changement de nom implique que le membre n’est plus considéré comme un chevalier de l’ordre. Tous portent en effet des noms chrétiens.
Rapidement, Belzébuth changea d’attitude :
Il recouvra son ancienne intelligence, recommença à engager la conversation et semblait « normal ».
Un regard attentif ne laissait cependant pas le moindre doute : il avait changé.
Rapport du journal de Bisol de Saint-Omer :
12 janvier 1240 : Les membres de l’ordre sont inquiets, beaucoup désirent l’exécution de Sébastien comme hérétique. D’autres veulent même ma démission.
20 février 1240 : L’affaire « Belzébuth » est classée. Contre toute attente, les membres se sont prononcés en sa faveur : il vivra. Je pense qu’un facteur incompréhensible pour beaucoup à joué en sa faveur, mais je ne sûr de rien, c’est si terrible.
25 février 1240 : Il est maintenant évidement que Sébastien (je l’appelle toujours ainsi, il était un ami proche) dispose à nouveau de son intelligence redoutable.
Cependant, son regard est noir, son sourire sardonique et son culte n’est pas celui du Saint-Père.
Je suis presque certain de savoir la raison de cet état, mais elle implique une chose horrible.
2 mars 1240 : Ca y est, j’en suis sûr à présent, Sébastien est converti au satanisme, il a été possédé par… Belzébuth en personne. Hasard curieux, c’est ainsi que les membres de l’ordre l’ont nommé. Je suis également certain qu’il est capable d’influencer la volonté de son entourage, ce qui l’a sauvé du bûché.
7 mars 1240 : Lors d’un affrontement cette semaine, Sébastien s’est montré redoutable au combat, bien plus que d’ordinaire, il semble contrôler cet état de semi possession.
8 mars 1240 : J’ai contraint Sébastien à me parler de tout ça. Il affirme qu’en effet, il a été possédé, qu’il est capable de se laisser envahir par des démons tout en contrôlant encore son esprit. Il me supplie d’abandonner mon Dieu et de me joindre à Satan moi aussi.
Je fais un marché avec lui : Il peut poursuivre son culte et rester membre de notre ordre, mais il lui est interdit de convertir qui que ce soit. Mon ancien ami accepte.