Une dernière missive aux Changpas

"A Vares, grand chef parmi les chefs des Changpas.

Mon cher ami. Je t'écris rapidement cette missive qui arrivera pas vraiment avant moi. Après cette promenade chez les gothiques, il me faut absolument occuper mon armée car la faire bouger me coûte moins que de la dissoudre. Je l'envoie donc vers le nord, occuper le territoire que nous avons convenus comme pris de l'exode des Okos survivants. J'espère en toute honnêteté que tu accepteras cet accord.

Peut-être pourrions-nous nous rencontrer bientôt?

Amicalement,

Weylkyu de Kellewic'h."

Le Maharavix d’Ilahun pénétra dans la grande salle du palais de Liugrön suivit de sa garde personnelle d’épéistes gauchers. Face à lui, à une quinzaine de mètres, Vares siégeait sur un trône de bois sculpté. A sa droite, sur un petit meuble, était posé le lourd sceau d’ivoire symbole de son nouveau rang de Khangarid tandis qu’à sa gauche se tenait droit comme un i Logon Benzin Trus fraîchement revenu de Tyrstädt sain et sauf avec sa troupe de gardes de la Muraille et promu général de l’Alliance.

Le chef des chefs se leva de son siège et s’avança à son tour vers son hôte, les bras grand ouverts en signe d’accueil.

« - Mon cher Weylkyu de Kellewic’h ! Quel plaisir de te recevoir !, commença-t-il. J’étais si impatient de pouvoir te revoir depuis notre dernier…échange à Tyrstädt ! Ah Tyrstädt ! Tyrstädt la grande, Tyrstädt la libre, Tyrstädt la sauve ! Je ne puis que te complimenter pour les efforts diplomatiques que tu as su fournir et qui ont mené à la paix entre les nations. Espérons-la durable et prospère pour tous…Tous ! Même les Okos !

Oui, je vois que tu t’impatientes. Venons-en au fait ! Déplacer le clan de la Pagode-Mouvante qui porte décidemment bien son nom n’a pas posé beaucoup de problèmes. L’avantage d’être nomade c’est que les frontières sont une notion assez vague et qu’il est facile de partir sans regret ! La province de Tara est désormais tamascalaise et les Changpas qui l’occupaient sont maintenant en route vers le nord-est pour préparer quelque peu le terrain avant l’arrivée des Okos ! D’ici un mois nous aurons atteint les côtes du fleuve habité par Thragypto en aval.

Comme convenu tu octroieras un sauf-conduit aux réfugiés Okos que j’accueillerai et à qui je conférerai le rang de clans et la responsabilité des territoires nouvellement colonisés de Wen, Srong et Kulag. Ils seront ravis de pouvoir s’établir à un endroit où ils seront libres et où le riz pourra bien pousser. Il semble que tout le monde soit heureux finalement ! Qu’en dis-tu ? »

Weylkyu regarda le palais. Ou plutôt, la bicoque, de son point de vue terriblement hautain de tamascalais.

"C'est parfait. Environ 45'000 Okos ont d'ores et déjà pris la mer, ils seront bientôt chez toi. Je suis un homme de parole lorsque je la donne, bien entendu."

Le Mahavarix se gratta la tête. Devait-il être poli? Non, sûrement pas envers cet homme qu'il allait revoir très prochainement, dans d'autres circonstances bien sûr.

"Bien, ceci fait je vais aller superviser les derniers préparatifs de mes hommes ainsi que les constructions de marchés que nous allons faire. Je te remercie pour ta bienveillante collaboration."

Sur ce, Weylkyu s'empressa de rentrer chez lui. Bientôt, il allait avoir une nouvelle guerre sur les bras.