Un moine chez les moines

L’aube pointait sur Dredzeig et les bois environnants. La brume se retirait petit à petit tandis que la vie reprenait son cours dans la cité et les quelques champs au pied des hauts murs d’enceinte.

Sur cette même muraille les sentinelles étaient relevées par de nouveaux soldats fraîchement sortis de leur caserne. L’une d’elle aperçut un voyageur qui sortait de la pénombre de la lisière. Il était seul.

Un petit quart d’heure plus tard, une scène étrange se déroulait au poste de garde de la grande porte. Le voyageur était de toute évidence arrivé à destination. L’homme était entièrement vêtu de jaune et d’orange, était chauve comme une pierre et semblait ne rien posséder de plus qu’un long chapelet de perles de bois. Il se tenait droit, les mains fourrées au fond de ses poches et souriait amicalement au jeune écuyer qui lui faisait face. Ce dernier avait servi quelques semaines plus tôt dans les troupes de ravitaillement de l’armée en route pour Tyrstädt et aurait pu reconnaitre la dégaine du nouveau venu entre mille. Et c’est pourquoi il avait naturellement pointé sa lance vers lui, tâchant tant bien que mal de contenir les tremblements qui secouaient ses membres face à celui qu’il avait repéré comme appartenant au peuple Changpa.

« - Pas un pas de plus ! Démon !

-Allons, allons. Pose ça tu vas blesser quelqu’un. Je suis Lama Chen et je suis envoyé par le Khangarid Vares pour parler diplomatie avec le peuple gothique. Pourrais-tu, s’il te plaît me conduire au chef de la cité ou, encore mieux, à Bisol de Saint-Omer en personne ?

-J’ai dit pas un pas de plus !

-T’es du genre borné comme gars. Je me trompe ? »

Le dénommé Chen propulsa son pied dans le fer de la lance dont la hampe se brisa. L’écuyer lâcha le bout restant et courut en direction du poste.

Le Changpa se rapprocha de la muraille et hurla vers la tour de guet la plus proche.

« Je souhaiterai m’entretenir avec un membre de l’Ordre qui ait moins d’ânes dans son ascendance ! »

[HRP : e me permet d'attirer l'attention de Bisol sur ce rp, pendant qu'il me reste quelques jours de dispo...]

HRP : En effet... Tu as bien fait, je l'avais oublié !
Bisol est à Gnosia hein Tu peux déjà écrire que douze chevaliers et un lieutenant viennent te chercher, te fouilles (tu peux garder le bâton) et t'amènes dans une salle d'attente de l'ambassade.

Alarich accouru près de ses compagnons en hurlant au démon. A l'entendre, la ville était menacée de destruction si l'on ne brûlait pas au plus tôt le dangereux mage hérétique qui attaquait sournoisement la ville. Il ne fallait pas sous-estimer ces créatures. Ils étaient certes fort petits, chétifs et laids, mais ils avaient annihilé un millier de valeureux chrétiens en quelques minutes.
Le branle-bas de combat fit suite à l'incompréhension première, et la sergenterie allait se jeter sur le changpa si un lieutenant n'avait entendu l'appel du moine.
-« Je souhaiterai m’entretenir avec un membre de l’Ordre qui ait moins d’ânes dans son ascendance ! »
Furieux de l'arrogance du paien, le commandant se dévala les marches du chemin du ronde pour sermonner l'imprudent. Ce faisant, il tomba nez-à-nez avec la bande d'écuyers terrifiés mais déterminés, armés jusqu'aux dents. Il ne fallut guère de temps au chef croisé pour faire le rapprochement entre les deux événements, ce qui vallu aux malheureuses sentinelles un terrible rugissement de colère ainsi que la promesse d'un séjour aux enfers si ils ne maitrisaient pas leurs nerfs. Il allait leur montrer, lui, Godric, comment l'on dialoguait avec un impertinent. La peur le répugnait, tout comme la vue de ses hommes épouvantés. Non mais, depuis quand les gothiques avaient-ils peurs d'un ridicule moine déguisé en fruit ibère ?
C'est donc d'un pas décidé que Godric se dirigea vers Lama Chen, sous le regard horrifié des écuyers. Le changpa, pour sa part, ne bronchait pas. Il attendait, imperturbable, l'arrivée du commandant gothique. Pour tout dire, il trouvait au moins aussi amusant la démarche impérieuse du chef que l'épouvante des soldats.
Se plantant comme une statue devant le visiteur qu'il dépassait d'un demi-mètre, le lieutenant fit le salut gothique avant de tendre la main, masquant difficilement son mépris.
-Rodric von Haffner, lieutenant de la 3eme lieutenanterie de la 21eme légion de l'Etat Gothique. Qui est donc l'individu qui se targue de défier notre courtoisie ?

L’homme était grand. Et moustachu. De grosses veines bleues palpitaient sur son front et son cou. Et son hygiène buccodentaire semblait pour le moins hasardeuse. Il devait sûrement être un peu surmené avec toutes ces histoires de guerre et de tours de ronde à organiser. Aussi Lama Chen ne pu que compatir avec le pauvre homme visiblement trop stressé. Il se présenta néanmoins d’une manière plus protocolaire, vu que le dénommé Rodric s’était doté du minimum de politesse en ne lui agitant pas une lance sous le nez.

« - Enchanté, Lama Chen de la tribu du Renard-Sous-l’Eau-Vive, des Monts Xenling, ambassadeur du gouvernement du Khangarid, représentant du peuple changpa, envoyé pour discuter un peu de toute cette histoire de Tyrstädt là, histoire d’éviter les malentendus, et assoiffé par plusieurs semaines de marche. Je ne voudrais surtout pas abuser. Mais, serait-il envisageable de m’entretenir avec Bisol de Sint Omer et de boire une tasse de thé avant ? »

Le lieutenant fronca les sourcils. Une tasse de thé ? Des renards sous l'eau vive ? De qui se moquait-on ! Toutefois, il ne s'agissait pas de risquer une erreur diplomatique, ce n'était guère le moment. Si l'homme parvenait à se montrer convaincant, il serait amené à rencontrer des hauts dignitaires gothiques. Pour l'instant, il s'agissait avant tout d'un ennemi, d'un tueur potentiel, d'un hérétique puant la sueur.
-Je suis navré de vous annoncer que Von Sint-Omer n'est point présent céans. Néanmoins, je vous prie de ma suivre vers l'ambassade afin de vous désaltérer et de jouir de quelque confort. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, et j'ose espérer que vous ne nous ferez point l'affront d'en voir un, vous ne rencontrerez le LandMeister de la cité que demain matin, après que vous vous soyez changé et reposé. Je dois de plus prendre mes dispositions pour assurer votre sécurité et celle de mes hommes, aussi vous serez sous la garde de chevaliers. Si vous avez des requêtes à formuler, vous pourrez vous adresser à eux, ainsi qu'aux servants qui se chargeront de votre confort.
Sur ces mots, il fit signe au changpa de le suivre, et s'en revint vers le chateau.