12 juin :
Tarik reçoit de ses drakkars la
nouvelle de la bataille qui se déroule au sud de sa position. Le
même jour, l'avant-garde du convois changpa atteint Freyern :
Elle annonce qu'il devrait arriver le lendemain dans la soirée.
Oubliant ses promesses et partant du principe qu'un ennemi mort ne
peut pas nuire à sa réputation, le chef des skaers fait rassembler
son armée et prépare des instructions qui devront être transmises
à Varès lors de son arrivée.
Nuen accepte les conditions d'Ikivian
et devient dés lors une province vassale d'Antinoe, avec son lot
d'avantages et d'inconvénients. La ville préfère ce statut à
celui de cendres. La Verge Blanche n'est pas démantelée mais doit
fournir des rapports hebdomadaires au réseau d'espionnage d'Ikivian.
Celui-ci séjourne dans le port
quelques jours, à bord de son bateau, tandis que ses agents
vérifient que les nueniens ont bien saisi où se trouvait leur
intérêt, ainsi que le bien fondé de la réputation des bordels de
la ville.
Les radeaux tloxcolèques sont prêts,
de quoi faire traverser plus de 50 000 hommes par trajet. L'état
gothique ne se doute encore de rien, et les dernières nouvelles
rapportées à l'Hochmeister font état de victoires sur les
skaerlings. Les 30 000 hommes envoyés par l'empereur semblent
agités, et Bisol décide de les envoyer vers le front accompagnés
d'une compagnie. Il en restera trois pour défendre l'Etat, plus les
écuyers.
Adolf est encerclé par l'armée de
Kwaltatl qui campe à distance raisonnable des balistes goths.
Ceux-ci sont privés de bois et de ravitaillement, mais l'accès à
la mer leur est autorisé. Il ne s'agit pas de bonté d'âme :
sans moyen de faire du feu les chevaliers ne peuvent distiller leur
eau comme ils en avait pris l'habitude. La cavalerie gothique
surveille les événements, hors du piège tloxcolèque. Ils
pourraient rejoindre le gros de l'armée, mais non sans lourdes
pertes et surtout sans grand intérêt. Menés par Kurt die Tapfer,
un capitaine apprécié de l'OrdenMarschall, ils ne disposent pas non
plus de ravitaillement et attaqueraient les convois impériaux si
ceux-ci ne passaient à travers la forêt.
Le général croisé prend
une formation en croix dite « hérisson » pour entamer
une retraite. Celle-ci consiste en un colonne condensée dont les
phalangistes forment les bords et protègent leurs voisins des
flèches de part leurs boucliers. La formation est aussi lente que
difficile à briser, mais elle ne permet pas de prise d'initiative et
favorise un encerclement plus poussé. Toutes les balistes sont
amenées vers l'avant de la formation (qui tourne le dos à la
colline) et la colonne se met en branle. Les tloxcolèques ne savent
pas comment réagir face à cet amas d'acier qui se traîne vers le
Nord et commencent à le suivre tout en le harcelant de flèches
jusqu'à ce que Kwaltatl réalise que ses troupes se trouvent
désormais en grande partie en bas de la colline... Il a le choix
entre laisser s'échapper sa proie où l'affronter au plus tôt avant
de perdre son avantage. Le général choisit la seconde option.
Durant ce temps, les cavaliers goths ont opéré un mouvement
contournant et gravissent la colline.
Le hérisson éclate alors très
rapidement en un losange, phalanges toujours sur les flancs. Les
impériaux chargent dans un mouvement aussi désorganisé
qu’impétueux. Adolf sait que le fait que sa formation soit plus
condensée va obliger les tloxcolèques à se gêner mutuellement
lors de leur charge, et il attend, confiant, tout en faisant pleuvoir
une vingtaine de dards meurtriers sur les unités les plus au nord.
Ce choc brise momentanément l'élan de ses ennemis, mais ils
rechargent de plus belle. Kwaltatl a oublié la cavalerie. Elle a
atteint le sommet de la colline sans encombre et tandis que les
premières lignes impériales se heurtent à un mur de vouge, ils
chargent droit devant eux, c'est à dire droit sur le général
impérial. Les phalanges gothiques sont efficaces, mais la pression
exercée par l'armée adverse est insoutenable. Si les tloxcolèques
marchent à présent sur un monticule de cadavres de leurs
compagnons, ils défoncent les premiers rangs gothiques qui sont
forcés d'engager un combat de corps à corps. Bientôt ils ne
pourront plus être soutenus par les rangs suivants.
Trop concentré sur la bataille, et
craignant de s'engager trop profondément dans la mêlée, Kwaltatl
ne se rend compte du danger que trop tard. Les cultistes formant son
arrière garde sont projetés jusque dans sa garde personnelle sous
la charge des cavaliers qui hurlent comme des démons :
„Tod
den Ketzern !“. L'arrière garde s'enfuie, terrorisée, poursuivie
par les cavaliers qui relachent la pression exercée sur le général
de peur de ne plus pouvoir se dégager. Cependant, alors qu'ils
effectuent ce mouvement, le capitaine gothique remarque la tension
générée par son attaque sur l'armée ennemie, et surtout l'origine
de tous les ordres et contre-ordres qui la suivent. Il fait tourner
bride à ses troupes et charge l'unité qu'il pense à juste titre
être celle du général. Pas le temps pour les impériaux de réagir
et Kwaltatl fini écrasé sous les sabots d'un des destriers. S'en
suit une panique générale qui se répand le long de la ligne
gothique et fait flancher les païens.
„Tod den Ketzern, Tod
den Ketzern !“ hurle Kurt qui parvient à fait charger chacun de
ses unités dans une direction différente pour dégager la ligne des
phalangistes. Le cri est repris par l'armée gothique toute entière
qui redouble de vigueur. Les croisés se battent comme des démons et
les tloxcolèques se replient dans un chaos indescriptible.
Heuresement pour eux, ils sont plus véloces que les croisés, même
si la taille de leur armée est fatale aux ex-premières lignes.
Les
cavaliers ne sont pas en reste, mais, fourbus, ils rejoingent
rapidement l'armée d'Adolf qui ordonne de cessez la poursuite pour
éviter de disperser son armée face à des ennemis encore très
nombreux. Les tloxcolèques ne semblent pas se ressaisir pour
l'instant, cependant mieux vaut ne pas les inciter à changer d'avis.
Ce n'est pas vraiment une victoire pour les gothiques. Ils ont subit
de lourdes pertes. Les unités de cavaliers ne comptent plus que la
moitié des effectifs originaux, et les phalanges ont perdu un grand
nombre des leurs également. Côté tloxcolèque, le bilan est plus
lourd en termes numériques, mais le pourcentage de pertes est
moindre. La grande majorité de l'armée est encore intacte, bien que
la perte de Kwaltatl aie décapité leur armée, pour le moment du
moins. Kurt est le héros du jour et l'Etat n'oubliera jamais sa
bravoure. Les gothiques soignent leurs blessés, enterrent leurs
morts et établissent leur campement en haut de la fameuse colline.
Les impériaux semblent s'être repliés dans la forêt.